Ah.
1999 : lancement de probablement une des meilleures campagnes qu'on ait jamais faite pour une compagnie aérienne.
Air France avec BETC (ou l'inverse) : "Faire du ciel le plus bel endroit de la terre".
Les Chemicals, Gondry, la petite mèche qui tombe quand l'avion croise celle-ci. Etc…
Personne ne descend dans la rue pour crier sa joie pour mais tout le monde est scotché.
Et tout le monde recommence à monter dans les avions d'Air France : création du hub, programme de fidélisation, moins de retards, toussa toussa la campagne = intention de prendre l'avion avec Air France avant et après la campagne catapultée dans la stratosphère.
Un carton quoi.
2014 : nouvelle campagne.
Magnifique, exubérante, innovante, décalée, "raffish" diraient les Anglais. Une écriture sublime. Des visuels saturés. On croit un peu au fake avec le visuel de l'A380 au-dessus de la pièce d'eaux des Suisses mais pour le reste, on tient un vrai renouvellement, qui positionne le voyage à la française, l'amour des gestes et des savoir-faire comme dirait la marque France, auprès des Chinois, tous "tier" confondus, les Brésiliens, les Mexicains, les Indiens, les Russes, etc.
Mais qu'est-ce qui se passe ?
Deux jours après l'ouverture de l'exposition sur le voyage à la française au Grand Palais (du vrai, du bon brand content ça), les pilotes se mettent en grève.
Bien sûr, il y a eu des grèves entre 1994 et 2014.
Bien sûr, Transavia sous droit social portugais, ce n'est pas rien.
Mais là. Un mouvement social massif vraiment massif. Pas du toc. On parle désormais de 500 millions d'euros de pertes. Soit un A380 tous pleins faits.
ça, c'est de la vraie défiance des pilotes vis à vis de leur direction.
Alors question bizarre, est-ce que finalement les pilotes se reconnaissent dans cet esthétisme bariolé et rococo ?
Est-ce qu'ils ne se reconnaissaient pas plus dans l'identité froide, glacée, épurée, Hugo Boss-ienne de la campagne "Faire du ciel" ?
Est-ce que cette grève n'est pas – aussi – l'expression d'un rejet, d'un blocage "psycho-social" des pilotes, qui sont le métier noble de la compagnie ? Qui n'ont pas envie de passer pour des meneuses de revue ou des dames de compagnie.
Bien sûr que non. Et bien sûr que un petit peu quand même aussi.
Peut-être que le miroir que leur a tendu la campagne ne leur correspond pas. Ne correspond pas à l'image que les pilotes se font d'eux-mêmes. Qui ne sont pas venus du monde du service mais souvent de l'armée de l'air.
Alors, s'il y a peut être un tout petit peu de lien entre les deux phénomènes, c'est intéressant de pointer que les campagnes de pub sont parfois plus importantes pour l'interne que pour l'externe dans les très grandes entreprises avec des milliers de salariés.
Je dis ça.
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