Pas aujourd'hui mais en novembre dernier.
Alors est-ce que c'est comme on s'imagine que c'est Google inside ? Oui.
Est-ce que les mecs sont forts. Yes. Very very.
Est-ce qu'il y a des trucs comme des tapis de course avec des ordinateurs devant, des tableaux Veleda avec des schémas compliqués, des salles entières avec des mecs derrière des ordis, etc. Absolument.
Est-ce qu'il y a des Brahmanes diplômés du Chennai Mathematical Institute de Siruseri et qui disent "I think we can solve this problem quite easily" ? Je n'en ai pas vu mais certainement.
Et est-ce qu'il y a du Wifi ? Si y'a du wifi ? Mais t'es DANS le wifi.
Le gars qui nous a reçu possède tous les diplômes que les parents d'un adolescent en Première raisonnablement bon en maths-physique rêveraient qu'il ait.
Tous. Et d'autres encore dont ils ignorent le nom.
La présentation fut longue, dense et riche.
Voici quelques enseignements résumés parce que le format blog ne permet pas d'en mettre quinze pages.
Si vous voulez en savoir plus, je vous propose de réserver chez Lapérouse le salon de la Belle Otéro, où devant un homard à l'Américaine et un soufflé au praliné, nous pourrons échanger quelques idées.
Pour finir cette longue introduction, ne voyez de ma part aucune allégeance ou intersubjectivité extatique vis à vis de Google, c'était vraiment vraiment impressionnant.
Google, c'est une élite qui nous déborde.
Partis d'un page blanche le 4 septembre 1998, Google semble ne compter dans ses rangs que les meilleurs des meilleurs. C'est de l'eugénisme poussé à l'extrême. Je pense que les employés de la SOPEXA qui servent à la cantoche doivent ingurgiter dix comprimés de Corydrane au petit déjeuner pour se mettre au niveau.
Google, c'est un concentré de ressources intellectuelles, appuyé sur des moyens quasi-illimités amenés par la pub, qui permet d'explorer des quantités de projets. Sans se fouetter avec son R.O.I.
D'ailleurs, je pense, que le truc des 10% alloués à des projets perso, c'est du bullshit.
Parce que LE principe de l'entreprise c'est d'avoir des légions de mecs qui bossent à 100% sur des quantités de trucs dont on ne sait pas nécessairement ce que cela va produire.
Mais ça avance à la vitesse de Kilian Jornet en train de descendre le Matterhorn par un doux matin d'avril.
Le fond de la croyance de Google, derrière la mission fil rouge d'organiser l'information du monde, c'est qu'ils pensent – mais vraiment et sans gourmandise ni arrogance – qu'il n'y a pas de problème sur terre que l'on ne puisse régler si l'on y met un ou plusieurs gros cerveaux, quelques ressources et du temps.
Et cela déborde le cadre de l'ingéniérie.
Par exemple, ils ont un projet qui s'appelle "Life on Mars".
Cela consiste à imaginer le meilleur système politique possible dans un monde où il n'y a encore personne pour dire : "Oh ben non alors !".
On prend un problème et on se dit : comment peut-on faire pour le régler de la façon la plus optimale possible sans penser à la façon dont on l'a traité avant.
Le potentiel d'expansion pour Google est phénoménal.
Parce qu'il s'appuie sur cette über-capacité de conception et désormais, via le taux d'équipement en devices mobiles, sur la mise à contribution de tous et de chacun.
Dit autrement, si l'on s'organise, on peut arriver tous ensemble et avec un peu de technologie à régler des quantités de problèmes sans même y penser.
Exemple n°1.
Aux Etats-Unis, il y a beaucoup de trous dans la chaussée.
Bon.
Alors au lieu d'attendre un rapport de la DDE et l'arrivée de Campenon Bernard, pourquoi ne pas créer une appli où les gens photographient les trous et envoient les photos à la Mairie avec les coordonnées des trous ?
L'alchimie des multitudes faisant le reste, les administrations savent où aller envoyer des Leon Grosse ou des Colas sans attendre un an et demi pour les boucher.
Mieux. Je cite M. Google.
Tout simplement une appli qui permet en fonction des vibrations de la voiture de géolocaliser les trous dans la chaussée sans rien à faire qu'à conduire.
Exemple n°2.
The Guardian, journal anglais, a proposé à ses lecteurs de retranscrire les scans des notes de frais des députés.
En Grande-Bretagne, toutes les notes de frais des députés sont scannées et disponibles à qui veut les voir.
Mais ce sont des scans, des photos. Pas des fichiers texte.
Personne n'a le temps d'aller inventorier des petas de notes de frais pour savoir si son député gruge.
L'initiative du Guardian, en agrégeant du temps de cerveau disponible, pour reprendre l'expression d'un manager visionnaire, a consisté à proposer à ses lecteurs de faire chacun un petit morceau du boulot.
Morale de l'histoire :
The Guardian renforce son image de journal indépendant des pouvoirs et scrutateur avisé de ceux-ci.
Les lecteurs sont valorisés. Mieux que dans les commentaires affligeants à la suite des articles, du type " Une chose est certaine: pour exploser son casque, il devait aller très vite dans un endroit hors piste, ce qui est irresponsable !"
Les fonds publics sont (un peu) nettoyés des abus.
La démocratie est (un peu) renforcée.
Exemple n°3 : AirBnB.
Au départ, le créateur du site voulait améliorer la capacité d'hébergement de San Francisco.
San Francisco quand il y a d'importantes manifestations (des Keynotes par exemple ?) n'a pas suffisamment de chambres d'hôtels pour loger tous les visiteurs.
AirBnB (désormais 8ème hôtelier mondial…) a permis d'étendre grâce à la technologie cette capacité d'accueil.
Alors oui, cela impacte négativement sur des nuitées pour des hôteliers. Qui en perdent quelques-unes.
Mais les retombées indirectes en termes de restauration, shopping, transports, etc. de ces gens qui ne seraient pas venus sinon amènent une création de richesse nette pour la région.
J'ignore comment Brin et Page (Lacan aurait dit qu'un brin qui relie une page, ça s'appelle un lien hypertexte) font pour gérer autant de projets différents ? Comment ils priorisent, arbitrent, délèguent, jugent, évaluent, réorientent ? En termes de gestion des organisations, de management, c'est proprement ahurissant.
En conclusion, tout cela me donne une idée de stratégie de campagne pour Nathalie Kosciusko Morizet à Paris en 2014.
Pour faire en sorte que les lignes qui vont suivre puissent atteindre son staff, je vais devoir procéder à l'insertion de quelques hashtags. Veuillez m'en excuser.
#Nathalie.
#OhNathalie!
#Nathalieécoutemoic'estimportant
#Paris2014
#Municipales
#NKM
#NKMParis
#NKM2014
#NKMParis2014
Elle est Polytechnicienne, Nathalie. Son centre de gravité (intellectuel), c'est l'ingéniérie, le progrès.
Alors pourquoi ne placerait-elle pas son ambition pour Paris sous le signe de l'innovation ?
Dit différemment, est-ce qu'on peut mettre du progrès technologique dans la gouvernance d'un système complexe qu'est Paris ?
Mais oui.
En bas de chez moi, il n'y a plus de panneau de rue à cause qu'ils ont construit un nouvel immeuble et donc les touristes sont paumés.
Je suis allé demander à la Mairie.
Dix jours plus tard, j'ai reçu une lettre (!!!!! Une lettre pitin !!!!!! #desgénies) comme quoi ils avaient pris ma requête en considération, me remerciaient de l'intérêt que je portais à notre ville et qu'ils ne manqueraient pas de me tenir informé de la suite apportée au dossier.
Et depuis ! Rien ! Mais rien !
Pour par exemple pouvoir éviter les rues ou avenues bloquées par les rollers, les manifs, les Chefs d'Etat étrangers venant gerber sous l'arc de Triomphe et bloquant de la Concorde à la Porte Maillot (j'y étais ce jour-là !).
Aujourd'hui, la gouvernance c'est :
- Ah nous on bloque hein. C'est les ordres (avec un léger accent d'Agen)
- Mais ça va prendre combien de temps ?
- Ah on sait pas.
- Et on peut passer par où ?
- Ah je sais pas. Je suis pas d'ici (accent d'Agen plus prononcé).
Trouver une pharmacie de garde le dimanche.
Gérer l'admission dans les crèches.
Et les conseils de quartier (!!!! Ever been to a "Conseil de Quartier ? Le fond de la cuve de la gouvernance locale).
Le budget.
Les associations et les subventions.
La propreté.
La délinquance.
On fonctionne encore à l'époque des derniers Valois.
Mais peut être que du progrès technique dans une ville comme Paris amènerait à virer des agents de la Ville de Paris (toi aussi, géotague un mec qui branle rien avec l'application gratuite "Branlosselocalisator Light Free Version") que ce n'est pas possible.
Mais Nathalie. Je t'en conjure. Je t'achèterai des bottes comme tu n'en as pas idée. Fais-le. C'est pas compliqué.
Pour finir, je vous souhaite une bonne citrate de bétaïne, en vous disant à tous, et du fond du cœur : cul sec !